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  Le dialogue inter religieux
 

Le dialogue interreligieux

 
La représentation que donne le Coran du charpentier de Nazareth est claire: Jésus y est appelé l'esprit de Dieu et le Messie. Moïse est représenté comme le prophète à qui Dieu a parlé directement, sans aucun voile. Les musulmans révèrent encore ces hommes et leurs adeptes jouissent d'une place spéciale au sein du livre de l'Islam.

Mohammed, le prophète arabe envoyé, selon la tradition islamique, comme "une grâce pour tous les mondes" nous a montré par l'exemple comment ces abstractions théologiques ont été mises en pratique lors de la première rencontre interreligieuse entre musulmans et chrétiens - il y a environ 14 siècles.

Une délégation de 60 chrétiens vivant dans la communauté de Narjan, à quelque 600 km de Médine, la cité du Prophète, se rendirent chez lui en délégation en l'an 631. Les entretiens entre les représentants d'une communauté monothéiste avec le fondateur d'une autre durèrent trois jours. Ils permirent d'expliciter une fois pour toutes le modèle de l'éthique musulmane vis-à-vis de "l'autre" en religion. Cette rencontre fut riche en enseignements divers, mais trois sont particulièrement dignes d'attention.

La première constatation est que ni les chrétiens ni les musulmans n'ont prétendu être autres que ce qu'ils étaient. Les chrétiens insistaient sur le trinitarisme, ce que le Prophète rejeta comme article de foi. Les deux parties croyaient que Christ était le Messie, qu'il était né sans père et qu'il avait reçu la révélation de Dieu. Sans chercher à escamoter les différences, chacun recherchait avant tout un terrain d'entente. Rappelez-vous la culture de cette époque - le Prophète, chef d'une communauté puissante, avait la force de son côté. Et pourtant, il n'a pas manqué de respect à ses hôtes, eux qui étaient politiquement impuissants.

Deuxième constatation, leurs différences d'opinion ne constituaient pas un motif de conflit religieux. Lorsque les chrétiens ont proposé de se retirer dans le désert pour célébrer l'eucharistie, le Prophète les a invités à célébrer leur rite dans sa mosquée. Il n'a pas partagé la cérémonie, mais les a invités à la célébrer dans son propre sanctuaire. Il ne s'agissait pas là d'une simple tolérance, mais de respect, à défaut d'adhésion. Il les a rencontrés avec ce qu'il tenait pour des vérités absolues, mais sans intolérance.

Par la suite, des générations de musulmans ont repris cette attitude avec le plus grand sérieux: lorsqu'il déclara que les droits des non-musulmans vivant sous la protection de la puissance politique islamique étaient sacro-saints et qu'il serait leur témoin au jour du jugement dernier, les musulmans l'ont entendu. Les millions de non-musulmans qui font à ce jour encore partie du monde musulman sont là pour en témoigner. La situation n'était pas parfaite, mais des historiens non-musulmans affirment que ce comportement était un modèle pour l'époque.

En troisième lieu, cette rencontre a prouvé que, malgré les différences, une co-existence en matière sociale et politique est possible. C'est ainsi que les chrétiens acceptèrent le Prophète comme leur garant en matière politique. Pendant 14 siècles, d'autres communautés chrétiennes ont accepté des dirigeants musulmans comme garants, leurs vies, leurs biens et leur religion étant protégés au prix d'une redevance semblable à celle que les musulmans versaient à leurs autorités temporelles.

La rencontre avec les chrétiens de Najran évoquée ci-dessus ne fut pas, loin de là, un événement isolé dans la vie du Prophète, qui témoigne constamment de la permanence de ses relations interreligieuses. Un pacte antérieur conclu avec les chrétiens du Sinaï au monastère de Ste Catherine (charte des privilèges), et dont la documentation existe encore aujourd'hui, en apporte la preuve:

"Ceci est un message de Mohammed, fils d'Abdallah, un pacte pour ceux qui adoptent le christianisme, ici au loin, nous sommes avec eux. En vérité, moi-même, les serviteurs, les servants (le peuple de Médine) sont mes citoyens et, par Dieu, je m'oppose à tout ce qui pourrait leur déplaire. Aucune contrainte ne doit leur être imposée. Leurs juges ne doivent pas être destitués, ni leurs moines chassés de leurs monastères. Nul ne doit détruire une demeure de leur religion, ni l'endommager, ni emporter un objet quelconque vers une demeure musulmane. Quiconque s'emparerait de tels objets violerait le pacte de Dieu et désobéirait à son Prophète. En vérité, ils sont mes alliés et jouissent de ma charte de sécurité contre tout ce qu'ils haïssent. "

Ne vous y trompez pas, ne voyez dans ces paroles ni un appel médiéval au syncrétisme, ni une négation du fait que l'islam, religion universelle, appelle effectivement les musulmans à témoigner de leur foi. Le Prophète lui-même porta maintes fois ce témoignage. Il s'agissait plutôt d'intégrer à l'éthique musulmane l'obligation de respecter l'autre en religion en recherchant le dialogue.

L'homme qui affirmait qu'il n'avait été envoyé "que pour perfectionner les bonnes manières" a été l'exemple vivant d'un modèle de respect et de co-existence qui fait aujourd'hui gravement défaut dans bien des régions du monde. Certains de ses adeptes ont oublié cet exemple depuis sa mort. Mais, quand tout est dit, sa pratique a créé des précédents qui nous sont aussi nécessaires aujourd'hui qu'ils l'étaient aux Arabes du 7e siècle.
 
 
   
 
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